La sédentarité favorise le cancer du sein, du côlon, les maladies cardiaques et le diabète.

 

L’être humain dans le monde occidental n’accomplit pas aujourd’hui le dixième des exercices physiques que ses ancêtres étaient contraints d’effectuer. Au début du siècle dernier, couper le bois, aller chercher l’eau, marcher pour se déplacer, laver le linge à la main, assurer sa production agricole… étaient le sort quotidien des Européens en général.

Aujourd’hui, l’homme et la femme modernes passent – pour la majorité – leur temps assis, rivés à un ordinateur. Et pour le reste, il leur suffit d’appuyer sur des boutons pour avoir chaud ou froid, monter ou descendre, laver le linge, disposer de nourriture… Or, nous avons été sélectionnés sur le plan génétique à l’époque préhistorique pour affronter les disettes: seul celui qui était le mieux prédisposé à accumuler les graisses en temps de famine survivait. Nous sommes les héritiers génétiques de ces individus programmés pour prendre facilement du poids, mais nous n’avons plus à chasser, ni à courir dans les bois. Le résultat est que notre sédentarité nous tue littéralement.

Une équipe de chercheurs américains lancent un cri d’alarme dans la très sérieuse  revue « The Lancet » datée du 18 juillet: l’inactivité physique serait responsable, selon les scientifiques de l’université de Boston et du Texas, de 10 % des décès dans le monde. Pour la seule année 2008, la sédentarité aurait entraîné 5,3 millions de décès, soit autant que le tabac. Le dossier spécial que la revue médicale britannique consacre à sport et santé est un appel, pas seulement à regarder les champions olympiques à la télé, mais à pratiquer, quels que soient son âge et ses capacités, un exercice physique régulier, adapté à ses possibilités, cinq jours par semaine pendant au moins trente minutes, comme le recommande l’Organisation mondiale de la santé. À condition que les efforts faits sollicitent un peu plus qu’habituellement les muscles, la respiration, le cœur.

«Le rôle de l’inactivité physique sur la santé continue à être sous-évalué malgré des preuves solides connues depuis plus de soixante ans», affirme Harold W. Kohl (université du Texas) dans le Lancet. «Beaucoup reste à faire pour traiter l’absence d’exercice comme un vrai problème de santé publique.» Selon le Dr I-Min Lee (Harvard Medical School de Boston), 6 à 10 % des quatre grandes maladies non transmissibles (maladies cardio-vasculaires, diabète non insulino-dépendant, cancer du sein et du colon) seraient liées au fait de pratiquer moins de 150 minutes d’activité modérée par semaine. En analysant un grand nombre d’études, le Dr I-min Lee a calculé que 6 % des maladies cardio-vasculaires, 7 % des malades atteints de diabète de type 2 (dit de la maturité) et 10 % des cancers du sein et du côlon pouvaient être attribuées à l’inactivité physique. Pour les seules maladies cardio-vasculaires, 400.000 décès (dont 121.000 en Europe) auraient ainsi pu être évités dans le monde en 2008. En généralisant l’activité physique, l’espérance de vie dans le monde pourrait augmenter de 0,68 année, soit à peu près autant que si tous les obèses américains revenaient à un poids normal. Par ailleurs, la pratique d’un exercice régulier a un impact préventif favorable sur d’autres affections, comme l’ostéoporose, la dépression, la maladie d’Alzheimer, l’obésité…

Les pouvoirs publics n’ont pas encore pris la mesure de l’importance de l’activité physique comme mode de prévention et pour réaliser des économies dans le secteur du soin. La promotion de l’exercice pas seulement par le biais de campagnes d’information, mais par des dispositifs d’incitation, est un défi qui reste à relever.

Chaque jour, lors de mes consultations, je préconise la pratique d’un exercice physique,en complément des opérations que je peux réaliser…

Pierre Bensa

Dijon