Cher Monsieur Mas, vous persistez dans votre ligne de défense, et c’est une dramatique erreur.

Il vous faut plaider coupable, car vous avez trompé des milliers de femmes, vous avez trompé des confrères chirurgiens plasticiens qui vous faisaient confiance, vous avez trompé l’Etat qui remboursait vos implants.

 

Jean Claude Mas, fondateur de Poly Implant Prothèses, lors de l'ouverture du procès, le 17 avril.
Jean Claude Mas, fondateur de Poly Implant Prothèses, lors de l’ouverture du procès, le 17 avril.

 

Au troisième jour d’audience, le fondateur de la société de prothèses mammaires a assuré, devant une centaine de plaignantes, «n’avoir pas fait prendre de risques» à ses clientes.C’est faux!

Droit dans ses bottes. Jean-Claude Mas, le fondateur de la société PIP, principal prévenu du procès en cours à Marseille n’a pas changé d’attitude. Les trois ans écoulés depuis le début du scandale mondial des implants au gel frelaté PIP.

Les huit mois passés en prison parce qu’il n’a pas pu, ou voulu, payer sa caution. Les témoignages des porteuses d’implants, de leur souffrance et de leurs problèmes de santé. Et les 5200 plaintes de porteuses d’implants PIP sur les 300.000 dénombrées dans le monde n’ont pas modifié l’attitude de l’ancien patron.

Sûr de lui, fier d’avoir créé et dirigé une entreprise qui fut troisième ou quatrième fabricant mondial de prothèses, le septuagénaire a répété ce qu’il avait déjà déclaré auprès des gendarmes ayant mené l’enquête, ou auprès de la juge Le Goff, qui instruit le volet «blessures involontaires»: son «gel maison» n’était pas plus à risque que ceux de la concurrence. «Je n’ai pas fait prendre de risques aux femmes qui se sont fait implanter des prothèses PIP, dans les années 1990 et 2000» a-t-il soutenu. «Dangereux, je refuse ce mot. Ce gel n’est pas plus dangereux qu’un autre gel. C’est ce qui découle des tests de biocompatibilité. Tous les gels sont irritants, mais pas toxiques», a-t-il ajouté, en estimant que «si le gel PIP n’était pas homologué, il était homologable». Il a même pensé un moment devenir «formulateur», pour pouvoir vendre son gel à des concurrents, mais il a reculé devant le coût, 1 million d’euros.

 il crée PIP en 1992, «la plus belle fabrique au monde à l’époque», à La Seyne sur mer. Il rêve d’aller conquérir le marché américain. En 2001, il adopte le gel médical réglementaire Nusil, pour remplacer son gel maison non homologué. Mais, «au bout de six mois, on s’est aperçu qu’on avait des problèmes d’homogénéité. Le gel est cassant, on n’arrivait pas à le maitriser. On est donc revenu au gel PIP», a-t-il avoué. C’est le début de la fraude, de la «tromperie» qu’il reconnait alors qu’il récuse les circonstances aggravantes pour lesquelles il est jugé, c’est-à-dire la mise en danger des porteuses d’implants.

Monsieur Mas mérite d’être puni sévèrement pour sa fraude massive, même si le gel qu’il a utilisé n’est pas pourvoyeur de cancers, il est à l’origine de réactions inflammatoires plus nombreuses que tous les gels homologués.

Tout cela pour « gagner » un peu plus d’argent….Quelle honte!

Pierre Bensa

Dijon