Aux Etats-Unis, il est avéré que les personnes séduisantes perçoivent des revenus relativement élevés. Une récente étude de la Réserve Fédérale de Saint Louis a montré que les personnes au physique avantageux gagnent environ 5% de plus que leurs collègues au physique quelconque, lesquels touchent à leur tour 9% de plus que leurs collègues ayant un physique en dessous de la moyenne. Daniel Hamermesh, professeur d’économie à l’Université du Texas à Austin, confirme ces résultats…

Si on part du principe que la chirurgie esthétique améliore globalement l’apparence physique, et qu’un physique plus avantageux va de pair avec de meilleurs revenus, ce n’est pas extrapoler que de dire que passer sous le bistouri peut améliorer le sort personnel des Américains, explique Gordon Patzer, auteur de Looks: Why They Matter More Than You Ever Imagine (Apparence physique: pourquoi elle importe plus que vous ne l’imaginez). Et d’ajouter: «La chirurgie esthétique rend plus séduisant, elle renforce l’estime de soi, la confiance en soi et la force de persuasion». Ce sont autant de qualités qui, selon cet auteur, accroissent la productivité et la valeur des salariés dans une entreprise.

Malheureusement – ou heureusement peut-être pour les chirurgiens – il est difficile d’obtenir des chiffres. Personne n’a comparé les revenus avant et après la chirurgie esthétique. Mais selon des plasticiens américains, nombreuses sont les anecdotes tendant à prouver qu’un bonnet de soutien-gorge plus grand (ou un nez plus droit, des fesses plus fermes, etc.) induisent une tranche d’imposition plus élevée. «Les gens viennent nous voir entre deux jobs ou après avoir perdu leur emploi pour se refaire une beauté, avoir l’air jeune, alerte. Pour être – ou en tout cas se sentir – plus compétitifs. Et cela les rend plus compétitifs».

Renato Saltz, président de la Société américaine de chirurgie plastique et esthétique, dit constater régulièrement une évolution professionnelle chez ses patients. «Beaucoup de ces femmes sont de jeunes trentenaires qui ont perdu leur estime de soi; leur mari les a quittées; elles n’ont plus confiance en elle. Elles viennent donc se faire opérer et, immédiatement après, elles commencent à perdre du poids, à faire du sport, à faire preuve d’un grand dynamisme. Beaucoup finissent par réintégrer le marché de l’emploi et retrouver une place dans la société.»

Beauté naturelle

Daniel Hamermesh, qui a réalisé l’étude la plus citée quand il s’agit de corréler la beauté avec les revenus, est d’un autre avis. Son étude a effectivement montré que le fait d’être beau ou belle était en corrélation avec un salaire plus élevé. Mais, nuance de taille, les efforts visant à améliorer son physique, que ce soit simplement en prenant soin de bien s’habiller ou par le biais d’une intervention chirurgicale, n’ont pas d’incidence sur le revenu. Ce serait parce que les gens sont capables de faire la différence entre la beauté naturelle et la beauté artificielle. Selon Hamermesh, pour aspirer à une augmentation de salaire, il faudrait subir une transformation aussi convaincante que celle de John Travolta dans le film « Volte Face ».

Ce professeur d’économie conteste également l’idée selon laquelle une amélioration de l’apparence entraînerait une plus grande productivité: «Ces personnes sont-elles réellement plus productives ou simplement favorisées par rapport aux autres?» Bien sûr, si les plasticiens ont raison sur le fait que la chirurgie esthétique renforce la confiance en soi, peut-être leurs patients deviendront-ils effectivement plus productifs. Après tout, les propres recherches d’Hamermesh ont révélé que les responsables commerciaux au physique séduisant rapportent 10% de chiffre d’affaires de plus, sur les ventes additionnelles, que leurs collègues au physique quelconque.

Aucune étude statistique de ce type n’a été réalisée, hélas en France…

Pierre Bensa

Chirurgien plasticien